Retraité de la gendarmerie vaudoise depuis quinze ans, Marcel Python est le Suisse le plus gradé en ju-jitsu. l’homme, déjà 7e dan en judo, a obtenu son 8e dan de ju-jitsu en mai dernier. Il y a peu, le Lausannois a été honoré par les membres du club de Judo-Kwai de la capitale vaudoise, un dojo dont il a été l’un des fondateurs, en 1953.

 Article paru dans le journal 24heures du 28.12.2005

Rencontre avec un passionné qui a voué sa vie aux arts martiaux.

mpyNon content d’être né sous le signe du Scorpion, Marcel a pour patronyme Python. Deux faits qui ne sont peut-être pas étrangers à la passion de cet homme à l’imposante carrure. Au dire de l’intéressé, les natifs de sa constellation zodiacale sont attirés par les sports de combat et les techniques. Marcel découvre le judo à l’âge de 22 ans. En 1951, cet art martial en est encore à ses balbutiements en Suisse.

Marcel, qui s’est d’abord essayé à la lutte, fait ses premiers pas sur un tatami dans le cadre de l’école de la Gendarmerie vaudoise. « A l’époque, j’étais déjà bien baraqué. Du coup, notre entraîneur me prenait souvent comme partenaire pour ses démonstrations », se souvient le gendarme aujourd’hui retraité. L’intérêt de Marcel pour les arts martiaux ne cessera de croître. Aujourd’hui âgé de 76 ans, cet inépuisable sportif dispense encore chaque semaine des cours du ju-jitsu au dojo d’Epalinges. «Histoire de rester jeune de caractère. j’ai besoin d’être entouré de mes élèves», confie-t-il.

Uniforme et kimono

Marcel Python a fait partie de l’équipe qui, en 1953, a créé le Judo-Kwai Lausanne dont fait partie celui d’Epalinges. Lors de la fondation du club de la capitale vaudoise, les membres ont dû faire appel à un entraîneur français établi à Genève. En 1955, Marcel passe son 1er dan dans le cadre du Collège national des ceintures noires de France qu’il devra ensuite faire homologuer en Suisse. Judoka au sein de l’équipe nationale de 1955 à 1956, Marcel avoue que les représentants du drapeau rouge à croix blanche n’ont pas souvent brillé à l’époque. A leur décharge, ils tombaient quasiment chaque fois contre la France, la nation du judo par excellence.

Au cours de sa carrière professionnelle, Marcel va pouvoir allier le port de l’uniforme à celui du kimono. L’homme a notamment dispensé des cours de judo, de ju-jitsu et de self-défense aux policiers vaudois et lausannois, ainsi qu’à l’Institut suisse de police de Neuchâtel. En 1979, il rédige le manuel élémentaire de self-défense police préfacé par feu Robert Deppen, ancien municipal lausannois de la police.

L’aile de poulet

Selon Marcel, la pratique du ju-jitsu lui a rendu de grands services dans l’exercice de sa profession. « Chaque fois qu’il y avait une bagarre, on appelait Python à la rescousse », souritil. On pratiquait une clé d’épaule qu’on avait baptisée « aile de poulet », très efficace pour faire rentrer les gens en cellule ». Marcel n’a toutefois pas fait que de la répression. Ce motard de gendarmerie est aussi apparu dans le cadre d’une campagne de prévention. « Je pense que l’on m’avait choisi en raison de mon oeil noir, c’était à l’époque où je n’avais pas encore de cheveux blancs », relève-t-il. Certains usagers de la route se souviennent peut-être des affiches de ce policier, le doigt pointé en leur direction, les incitant à faire preuve de prudence aux endroits dangereux.

Actuellement vice-président de la Fédération suisse de judo et ju-jitsu, Marcel est expert national aux examens de gradations dan. Par le passé, il avait été chef de la Commission technique puis chef du département dan de ladite fédération. Si ce père de deux garçons âgés de 49 et 44 ans, n’est pas parvenu à transmettre son virus à ses fils, il a sans doute éveillé l’intérêt de plusieurs centaines d’autres jeunes pour les arts martiaux.

Marcel Python dispense encore des cours car le contact avec les élèves lui permet de garder l’esprit jeune.

CÉLINE DUMAZ
Article paru dans le journal 24heures du 28.12.2005

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